Conférences

Rencontre avec un aventurier villenavais

Conférence du 21 février 2020 par Jérôme de La Noé :   Le thème était la rencontre avec un aventurier villenavais nommé Jean Baptiste Paulin CAPERON.

Un aventurier politico-financier

Paulin Caperon intervient dans l’histoire de Villenave d’Ornon en 1871 quand il achète les domaines de La Hé (anciennement Lahet), de La Monnaie et de Caves en 1871. En fait ce nouveau propriétaire de 110 ha a une vie assez tumultueuse depuis sa jeunesse. Il décrit les différentes étapes de sa vie dans une lettre au rédacteur en chef du journal  qui avait posé la question de l’origine de sa fortune. Né en 1821 à Eysines, il précise qu’il a commencé à travailler dès l’âge de 17 ans chez différents patrons mais il s’investit contre la politique sous la Restauration. Il milite au mouvement révolutionnaire de Flora Tristan et récupère 11 ans de prison et 40 000 F d’amende en 1850. Obligé de s’exiler en Angleterre de 1851 à 1867, il entre dans le milieu des affaires industrielles et de la finance bancaire, ce qui lui permet d’acquérir une certaine fortune qu’il développe par des opérations boursières lucratives.

Rentré en France, en 1871 il achète 110 hectares à Villenave d’Ornon dont le domaine de La Hé où il fait abattre la vieille maison du XVIe siècle et fait reconstruire un énorme cuvier, chai, pavillon de maître et logements de personnels agricoles.

Il s’associe avec des personnalités politiques pour créer le Crédit communal et le Crédit foncier suisse. Mais plusieurs fois condamné pour opérations frauduleuses, il quitte la France en prenant le nom d’un cousin suisse récemment décédé Peter Coutts et rejoint les Etats-Unis d’Amérique. Arrivé en Californie, il s’installe à San Francisco mais achète une propriété de l’ordre de 650 hectares où il développe une industrie laitière, un élevage de chevaux et une poly-agriculture.

En 1873, les propriétés villenavaises sont vendues au Tribunal de première instance de Bordeaux et le montant sert à indemniser les clients spoliés par les opérations frauduleuses. La chute du Second Empire et l’avènement de la IIIe République l’incitent à revenir en France en 1881 pour régulariser sa situation pénale et financière. Il vend alors ses propriétés de Californie à Leland Standford, ancien gouverneur de Californie, qui suite à la perte de son fils unique fera don de ces propriétés pour fonder l’université privée Stanford.  Sur le campus actuel subsiste une tour carrée de trois étages dans laquelle Paulin Caperon avait installé sa bibliothèque dont 800 ouvrages Elzevir  (édités aux Pays-Bas au XVIIe siècle) ainsi qu’une tour médiévale dans le goût architectural qu’il affectionnait probablement si on en croit l’architecture du cuvier du domaine de La Hé.

Paulin Caperon décède à Bordeaux en 1889 après avoir perdu sa fille Marguerite en 1885 à Arcachon. Son épouse Elisa Marie Marissal décède quelques années après lui. Son fils Albert Capéron (1864-1898), dit Capitaine Cap, aura aussi une vie agitée dans les milieux intellectuels et politiques de la fin du XIXe siècle.

                                                                                                                               Jérôme

Tour Stanford
Escondite cottage USA